13/11/2009

Frédéric Mitterrand est il un esclave noir?


Après la polémique F. Mitterrand, une autre affaire fait la une des médias : l'affaire M. Ndiaye. la lauréate du Prix Goncourt 2009 s'est vu remise à ce que le député UMP Eric Raoult pense être sa place, par devoir : la réserve.
dans la bouche d'Eric Raoult, le terme prend un autre sens. Pour un ethnologue, la réserve est un territoire assigné aux indigènes dans certains pays et soumis à un régime particulier. ainsi, le député Raoult, déjà gardien d'une réserve, la Seine-Saint-Denis, enjoint un écrivain à rester dans le cadre du petit monde de la littérature, dans l'entre-soi des salons littéraires.
mais Marie Ndiaye est noire aussi, fille d'un père d'origine sénégalaise et membre de fait d'une minorité. je ne peux alors m'empêcher de penser que cette injonction au devoir de réserve la renvoie par ailleurs à ce que Raoult pense être son statut : une indigène. même s'il est Française...

Frédéric Mitterrand, lui, a bien compris qu'il devait rester dans la sienne. il s'est pris bien trop de coups de fouet ces derniers temps. il la boucle, s'autocensure. car il a un statut particulier. un pied dans la réserve des minoritaires (il est pédé) et l'autre en dehors (il est ministre de la République).
Triste image donc que celle d'un ministérial qui se plie aux ordres d'un maître, garant du pouvoir, en ne voulant pas prendre partie, en trouvant la polémique "anecdotique" et "ridicule".

sans doute est-il utile de rappeler à F. Mitterrand qu'il est ministre de la Culture. que la culture permet aux femmes et aux hommes de se vivre en tant que sujet politique. que Marie Ndiaye en tant qu'écrivain est praticienne de la culture. qu'elle a pris à bras le corps ce devoir de se vivre en tant que sujet politique pensant, que sujet libre non seulement à travers les mots, mais aussi en prenant la parole sur la situation politique de son pays.

en restant en retrait, F. Mitterrand apparaît aujourd'hui non pas comme un homme libre et pensant mais comme un esclave du pouvoir en place.


09/11/2009

La revue n°10 de Minorités est là.

(Revue) La revue n°10 est là. Le «problème» des banlieues; Sida contre malaria; Maladies et inégalités, la révélation http://bit.ly/tI8vR

10/10/2009

De Frédéric Mitterand et de la sexualité gay.




Un des journalistes de Yagg a publié une tribune sur Frédéric Mitterrand intitulé “Frédéric Mitterrand, de l’ombre à la lumière”. Les différentes réactions des internautes m'ont amené à poser quelques questions qui me semblent essentielles à porter au débat qui prend des tournures de scandale et sur la réaction de gays et lesbiennes, notamment à travers les médias communautaires.

La pédophilie : évidemment, je la condamne. Fermement.
Une certaine hypocrisie traverse les discours. Celle qui consiste à se voiler la face sur les questions "d'amalgame" entre pédophilie et homosexualité.
Il y a une nuance qu'il faudrait enfin assumer et qui serait à porter au crédit des gays pour qu'ils ne paraissent pas aveuglés par un débat trouble, qui met mal à l'aise.
Oui, il faut aussi assumer que certaines pédophiles préfèrent le genre masculin au genre féminin.
Oui, il y a des pédophiles homosexuels comme il y a des pédophiles hétérosexuels. Et ils sont condamnables les uns au même titre que les autres.
Ne pas assumer ça en tant que tel, c'est jouer la politique de l'autruche.
L'homosexualité n'est pas égale à pédophilie, c'est sûr. Mais argumenter sur le fait qu'il y aurait un amalgame scandaleux entre homosexualité et pédophilie, c'est nier un état de fait.
Malheureusement, des hommes adultes abusent d'enfants qu'ils soient de sexe masculin ou féminin.

D'où mon second point qui me semble crucial dans ce débat qui est la question de l'âge de consentement. Et que peu de monde se pose. Voilà une discussion d'adultes qui oublient un point essentiel, c'est-à-dire les premiers concernés : les jeunes.
Qui a pris le temps, ou pris le soin de savoir ce qu'ils en pensaient?
Ainsi, faudrait-il être plus clair sur l'âge de consentement.

Comment se fait-il que l'âge de consentement sexuel en France soit fixé à 15 ans et en Espagne à 13 ans? Pourquoi ces deux ans d'écart? Les jeunes espagnols seraient-ils plus matures sexuellement à 13 ans que les jeunes français?
Je n'ai pas poussé mes investigations plus loin et ne saurais justifier cet écart entre la France et l'Espagne.
Le débat a déjà eu lieu au Royaume-Uni sur ces questions, il y a quelques années maintenant. Différence de traitement entre l'âge légal de consentement sexuel pour les jeunes homos et jeunes hétéros. Ces derniers, d'après la loi anglaise, sembleraient "matures sexuellement plus tôt.

Tout ce débat ne doit néanmoins pas nous faire perdre de vue qu'il existe une différence de traitement en ce qui concerne le regard que l'on porte sur la sexualité des jeunes homosexuels et celle des jeunes hétérosexuels. Avec un caractère clairement homophobe dans le regard porté sur la sexualité des jeunes différenciant de manière outrancière la sexualité des jeunes gays et lesbiennes de celle des jeunes hétéros.
Oui, il paraît scandaleux pour beaucoup de Français que deux jeunes homos de 13 ou 14 ans s'embrassent à la sortie du collège, alors qu'il est tout à fait normal que de jeunes hétérosexuels se roulent des galoches devant la grille du même collège. A quand une version de "la boum" version gay ou lesbienne?

Oui, il y a encore énormément de travail à faire sur les questions des jeunes et de la sexualité. Et le scandale autour de Frédéric Mitterrand et de Roman Polanski, ne doit pas en faire oublier un point crucial : la sexualité de jeunes. Mettre de côté les premiers concernés et n'écouter que les adultes sur ces questions, c'est ne pas apporter toutes les pièces à cet enjeu de société auquel il faudrait s'attacher au plus vite. Il en va du bien-être des jeunes gays et lesbiennes et de leurs épanouissements social et psychologique.
Certains d'entre nous (gays, lesbiennes) ont des enfants ou réclament le droit d'en adopter. Si nous tenons vraiment à eux, nous devons nous poser nous aussi ces questions-là. Car il en va du futur épanouissement de nos enfants, qu'ils se considèrent un jour ou l'autre comme hétéros ou homos.

Arlindo Constantino

04/10/2009

Dirk Bogarde : remisé au placard


il est des omissions qui font vraiment chier.

dans un article des pages cinéma de Télérama (23 sept 2009), Guillemette Odicino annonce la reprise de Victim, le merveilleux film noir de Basil Dearden. Dirk Bogarde y incarne le rôle d'un avocat respectable et heureux en ménage (hétérosexuel!) rattrapé par son passé amoureux et menacé d'une terrible humiliation publique.
le film, réalisé en 1961, est un des premiers traitant de l'homosexualité à l'écran et lancera un grand débat qui jouera un rôle prépondérant dans la dépénalisation de l'homosexualité en Angleterre en 1967.
victim est un film militant. au regard du contexte anglais de l'époque et du sujet même du film : le poids et la peur du scandale quand on est au placard.
alors, c'est exaspérant de lire un article titré "le premier héros homo" et de ne pas redire que Dirk Bogarde l'était. nan, c'est sûr, c'est pas scandaleux en soi, mais quand même! un film sur la pression sociale sur les gays, avec un acteur gay (certes sorti du placard bien plus tard). mais 40 ans après, on est en droit, oui en droit de s'attendre à ce qu'une journaliste évoque l'homosexualité de Dirk Bogarde, même dans un petit article. pour le coup, il y a une vraie cohérence à le faire au vu de la sexualité de Bogarde et les films dans lesquels il a joué (Portier de nuit, Mort à venise).
voilà comment, post-mortem, on remise au placard un pédé. ça à l'air insignifiant comme ça, mais à une époque où la lutte contre l'homophobie est presque dans toutes les bouches, il est des omissions qui participent encore à invisibiliser les pédés.
Victim est dans les salles. allez le voir. réfléchissez à tout ça. surtout vous, les pédales honteuses encore au placard (oui, oui, il y en a encore). parce que c'est pas la Guillemette qui va le faire!

= la morue barbue =


PS : je ne résiste pas à l'envie de partager l'hommage amoureux fait en 99 par Louis Skorecki (Libé) à la mort de Dirk Bogarde.
"Tu n'es pas mort Dirk, tu nous pètes encore au visage, tu rigoles de tes yeux chinois, ton parfum est lourd, entêtant, capiteux. Tu es la plus belle femme du monde, un bel adolescent, un Anglais trop stylé. On suit le thé sur tes lèvres, ton thé si anglais, ton thé trop sucré. Quelques gouttes de lait tombent lentement, inexorablement, sur tes lèvres trop rouges. La mort t'embrasse sur la bouche. Tu es beau. C'est comme ça qu'on t'aime."

01/10/2009

amour en chute


un texte de mon amie Sibylla. sur le flou du désir masculin. alors, amour ou baise? en tant que pédé, je m'y retrouve, mais du point du vue de l'auteure.


Ce type se réveille comme avec un ressort dans le cul.

Il ne saurait pas trop dire si c'est l'envie de vivre ou de baiser qui lui fait quitter son lit.

Baiser ne lui donne pas plus envie de vivre, mais le tient en vie. Par accoups.
Des baises comme des stimulations ou des massages cardiaques.
Parfois avec un goût d'amour périmé ou de tabac froid. Une baise suivie d'une toux dégueulasse pour se remettre dans le bain. L'impression d'avoir perdu quelque chose et s'évertuer à retrouver ce je ne sais quoi dans les étreintes. Les étreintes accompagnées de whisky sont les plus appréciables, ça fige l'impression d'être sur le point de retrouver ce qui était recherché.
Et puis non, ce sera une redescente.
Toux.
Toilettes.
Formulé autrement ça donne, j'ai fait l'amour -cette fois je le tiens- et puis après je suis allé chier. Il y a toujours l'élément de la redescente, alors c'est bien là son plus grand mal, considérer les amours et les baises comme des montées,
suivies de redescentes.

Il s'est dit, je vais mettre le paquet (1) pour le trouver ce putain de truc, essayons de le chercher le plus possible. Une baise par jour me donne plus de probabilités de le trouver. Je vais devoir faire dans la diversité (2) . Ne pas me fermer de porte. Ça demande du courage et de la ténacité. Baiser à tout va peut fatiguer. Ainsi sa recherche de paradis perdu pouvait tant prendre la forme d'un frais pd tantôt le visage du dernier boudin fille bourré qui quitte le bar. Sur le coup, le boudin paraît pas mal, les effluves du whisky aidant. Parfois la pilule passe mal.
Sa quête de paradis perdu l'a fait se perdre dans des nuits de baise. Il y en a eu de fantastiques. Mais il n'a rien retrouvé. Finalement, c'est cette insupportable impression d'attendre quelque chose, d'être dans un entre deux, d'avoir oublié un truc qu'il devait faire.
Il se dit qu'il aurait été plus heureux dans des situations plus classiques du type, j'aime ma femme, mais je suis cocu. Il n'a pas eu cette chance. Ça lui a fait tout drôle la scène sous l'arbre du film beauté volée. Il s'est senti tout con d'être ému.

Et merde la deuxième pensée qui a suivi est pire. Il a revu les gros poils sous les bras de sa dernière conquête. Bah quoi? toi tu te rases pas et ça me dégoûte pas, elle lui a dit quand elle a repéré sa tête ; bof il a pas débandé au final.
Peut-être a-t-il lu quelque chose, gosse. Qui lui a compliqué la tête sans qu'il y prête attention.
Il ne cherchait pas au bon endroit.
Ou plutôt son problème était qu'il cherchait.
Alors rien ne valait plus le coup. (3)

Il voulait retrouver quelque chose. Il a mis un pied dans la tombe sans jamais l'avoir trouvé. C'est con mais lui, n'a jamais rien donné du tout. Il a pris l'amour et les baises comme un égoïste.
Sans jamais se dire que l'accomplissement ne pourrait se faire que si la perdition se faisait à deux.
Il était incapable d'aimer. Il a consommé des baises comme il aurait essayé de se rendre ivre. Et ça faisait de moins en moins d'effet. Il fallait augmenter les doses, mais il retrouverait pas ses premiers émois. Là il était tout près. L'accumulation l'a fait se perdre et oublier le début, enfin ce qui était simple. Dès qu'il a commencé à se questionner et appliquer sa méthode c'était foutu. Une sorte de suicide à la baise par désespoir d'amour.
Et puis ce film. Sous l'arbre , la fille frissonnait juste au plaisir du garçon qui s'allonge sur elle.
Tout ça lui semble bien loin. La multiplicité de ses vices lui fera jamais vivre un truc comme ça. Quelque chose d'aussi simple.

Trop de baises l'ont rendu triste. Il fallait bien qu'il passe par là.
Une rencontre ne le sauverait pas plus qu'une autre, il s'est dit. Il était encore dans le faux. Personne n'irait le sauver.
C'est drôle quand il était gosse, il se rendait malade à garder secret les filles dont il était amoureux. Avouer qu'il était amoureux voulait dire que si la fille l'apprenait elle pourrait pas tomber amoureuse de lui, après. Il était terrorisé à l'idée de dégainer des sentiments en premier. Il se foutait déjà des schémas dans la tête. Du coup il était méchant avec ces connes qui se faisaient des idées. Plus il était amoureux plus il les martyrisait. Qu'elles aillent pas s'imaginer quoi ce soit. Ça pourrait tout gâcher. Ça donnait qu'il était adorable avec les filles dont il se foutait éperdument. Les autres du coup il a pas mis en pratique. Mais son secret était bien gardé.

Se dégoûter du nutella. Ou des filles. C'est ce qu'il se disait dans d'intenses moments de réflexion devant la télé. Ma vie sentimentale se résume à ma façon d'aller au supermarché, j'y vais quand j'ai faim du coup j'achète tout et n'importe quoi. Et puis finalement j'en ai beaucoup trop et ça me fait plus envie, ma gloutonnerie me coupe l'appétit. Il aurait pu aller se détendre en promenant son chien c'était une idée qui lui plaisait. Il n'avait pas de chien. S'occuper d'un animal lui paraissait aussi dur qu'être en couple. Ça voulait dire, pas partir en vacances quand on veut. Pour ces deux responsabilités.
Marcher main dans la main avec sa petite copine, l'idée lui plaisait. Mais que de temps en temps. Et ces drôles de bêtes s'attachent et en demandent toujours plus. Les filles le poussaient à être un salaud se disait-il encore dans d'intenses moments de réflexion.

Parfois il se demandait aussi s'il réfléchissait que quand il se faisait un peu chier. L'analyse des événements venait-il de la distance entre les événements? Avoir beaucoup d'activités lui donnerait-il la possibilité de se passer de réfléchir? Non il y aura toujours une hystérique de grande moralité pour venir lui demander des comptes ou des justifications. Ah les salopes. Je peux pas juste me servir et les reposer comme si je n'y avais pas touché. Obsédé par l'idée que les filles pouvaient potentiellement tomber amoureuses de lui et le faire chier, il se bloquait. Les pd ça l'inquiétait moins, enfin il se disait que serait jamais aussi chiant qu'une fille pour des justifications.
Est-ce que ça se voyait sur sa tête quand il était en train de réfléchir? À ce moment précis, il se demandait si une grosse le comblerait plus. Il pouvait donner sa chance à une grosse après tout. Là encore ses schémas étaient défaillants.

Il voulait pas que les filles le fassent chier mais il aimait bien quand même qu'elles soient tristes quand il les quitte. Ça le confortait dans l'idée qu'il était un mec qu'on voudrait avoir à ses côtés même s'il agissait en gros bâtard. Il pouvait continuer de se dire, bâtard c'est un agissement de façade, mais sinon je suis un être très sensible.

Parfois il s'excusait de tout. Il serait peut-être bien, vieux, soulagé. Là, il aimerait tranquillement sans ses schémas défaillants.

Sa psychanalyste lui avait donné des explications. A rejeté la faute sur d'autres. Assis sur son banc ça l'avance pas des masses de se dire que ses parents lui ont déformé la tête à se côtoyer comme des étrangers. Ça n'aurait pas changé grand chose qu'ils soient démonstratifs. C'est une connerie. C'est son potentiel d'amour qui était défaillant. Ça le rendait bien triste de se dire qu'au final le problème c'était qu'il avait un coeur tout sec. Il était pas plus qu'un chat qui éventrait des oiseaux. Une fois de plus, assis sur ce banc, il esthétisait comme il pouvait la merde qu'il accomplissait. Il voulait aimer avec son coeur tout sec et ça le sauvait, bien plus que les rencontres nocturnes.
Mais même ses prières du soir, il les faisait au cas où dieu existerait. Pas pour prier. Il était rongé par toute une suite de schémas qui s'étaient accumulés dans sa tête. Les mots précédaient ses actes et les faussaient. Tous.

Il faisait délicieusement beau aujourd'hui alors tant pis s'il se sentait être un gros con. Il avait le droit malgré tout de profiter de cette belle journée.
Cette pensée le remplit de satisfaction. Son pénis lui dit lève-toi lève-toi.

(1) Les connotations sexuelles affligées à certains mots sont fortuites.
(2) Et pas dans la dentelle
(3) Fortuit aussi.


photo : Arlindo Constantino © droits réservés

30/09/2009

10 ans


Rosalina,

voilà dix ans que tu es partie, emportée par un cancer du sein et dans un caisse en bois dans ton village au Portugal. celui que tu aimes tant.
cette lettre, parce qu'il faut bien t'écrire d'une manière ou d'une autre, pour te dire combien je te remercie de m'avoir transmis ton impudeur, ta colère et ton indignation qui m'accompagnent tous les jours. nous n'étions pas d'accord sur beaucoup de sujets. mais tu as toujours su exprimer tes sentiments, malgré la violence de leurs expressions. c'est cette morale des sentiments qui guide ma vie.
amo-te.

arlindo, o teu filho.

PS : embrasse ta copine Amalia pour moi. Je pense très fort à vous.

23/09/2009

Notes sur "corps à corps", Edmund White, entretiens avec Augustin Trapenard


notes

  • edmund white (EW) est pionnier et théoricien de la littérature gay, mémorialiste (?) de la génération (?) sida.
  • autofiction, genre par excellence de la littérature gay?
  • "l'écrivain est le contraire de l'homme politique [...] un écrivain est quelqu'un pour qui les mots sont difficiles" p.13
  • "je préfère inventer mes propres mythes" p.15
  • mémoire, thématique central dans l'oeuvre de white.
  • mémoire comme matière première pour l'écrivain.
  • l'intérêt du détail dans le travail de l'écrivain (cf: Nathalie Sarraute, Pierre Guyotat).
  • "la pornographie a ses règles [...] c'est une écriture assez banale, très répandue. une chose que je trouve nouvelle, et qui est un vrai défi pour l'écrivain, c'est d'écrire de façon réaliste sur la "vraie" sexualité. c'est-à-dire évoquer les choses qui se passent dans ta tête quand tu fais l'amour : c'est un sujet presque inexploré" p.37
  • Hubert Sorin : architecte français, mort du sida, amant de White.
  • les romans du XIXè débutaient par une longue introduction.
  • EW a beaucoup écrit sur Mapplethorpe.
  • meiosis/mitosis chez Proust (??) Termes médicaux. (Il existe deux types de divisions cellulaires dans le monde vivant : la mitose qui assure la naissance de cellules identiques à la cellule mère lors de la multiplication asexuée et la méiose qui aboutit à la production de cellules sexuelles ou gamètes pour la reproduction). pourquoi?
  • chapitre sur la mémoire collective, sur l'écrivain et la minorité. p.84 à p.103
  • le Stonewall. "c'était un bar fréquenté par énormément de noirs et de portoricains. donc des garçons qui avaient l'habitude de lutter, même contre les flics, pour leurs droits" p.88
  • argument à donner pour les gays and lesbians studies. EW écrit : "les intellos deviennent fous furieux quand je dis que Proust est un écrivain gay" p.90
  • le fils d'Alphonse Daudet était pédé.
  • à découvrir : Allan Hollingurst, écrivain anglais, pédé.
Edmund White, Corps à corps, entretiens avec Augustin Trapenard. Transcriptions de l'émission "a voix nue" sur France Culture du 7 au 11 juin 2004. Editions de l'aube, 2009.

03/08/2009

l'exception à la règle















il y a quelques semaines, je me suis rendu compte que j’avais commencé à coucher avec des garçons en 89. j’avais 16 ans. j’en ai 36. ça fait donc 20 ans que je suis officiellement pédé. c’est une date anniversaire. 20 ans à coucher avec des amants, maris, garçons de passage rencontrés dans la rue, dans les saunas, dans les bars. c’est long 20 ans.

puis en 94, j’ai rejoint Act Up. car le sida me faisait flipper. Act Up m’a aidé à rester séroneg. je m’y suis fait des amis. je les ai vu d’abord sans traitement. puis à force de combats, les traitements sont arrivés, les tri-thérapies ont déboulé dans leurs vies. ça a changé beaucoup de choses. enfin un autre horizon que celui de la mort trop proche. mes amis qui sont encore en vie vont mieux, c’est sûr. mais derrière ce mieux-aller, il y a encore tous les soucis du quotidien, les effets secondaires des traitements, les problèmes cardiaques, les suivis réguliers dans les hostos and so on.

moi qui suis hypocondriaque, je ne pourrais pas. je ne pourrais pas prendre tous ces traitements. rien qu’à l’idée de savoir qu’ils pourraient me foutre la chiasse ou des problèmes cardiaques.

donc, voilà 20 ans que je suis séroneg. 20 ans à me protéger. 20 ans à dire autour de moi qu’il faut continuer à baiser avec capotes. ces derniers temps quand je parle de sexe avec les copains ou des connaissances, je passe pour la ringarde et la chieuse de service. parce que je dis que je suce avec capotes. quoi? mais plus personne ne fait ça. on me rit au nez. et ce n’est pas que la tapette moyenne (dont l’engagement principal est d’aller faire du shopping pour sortir le week- end prochain) qui me dit ça. ce sont aussi certains de mes amis militants engagés depuis des années dans la lutte contre le sida, à Act Up ou ailleurs. vraiment, je suis total ringard!

bon an, mal an. je continue à le dire.

puis, j’ai cet ami qui, il y a quelques jours, me dit : je ne suis plus avec mon mec.
ce dernier a décidé d’en finir. mon ami habite dans la région parisienne. son ex à Brest, faisant des aller-retours entre Brest et Paris. assez dur d’avoir une vie de couple aussi éloignés l’un de l’autre. donc, chacun vivait de son côté et se voyait régulièrement. parce qu’au pieu, c’était vraiment très bien.
et cet ami, un vrai queutard, me dit que depuis 2 ans, il baisait sans capotes avec son mec :
- j’ai vraiment confiance en M, tu comprends arlindo? c’est un mec réglo. on est tous les deux séroneg.
- pardon? tu as confiance? c’est quoi la confiance quand on suce sans capotes comme tu le fais? quand est-ce que tu t’es fait dépister? t’es sûr d'être séroneg?

et là, je m’énerve. je m’emballe. je deviens hystérique safe sex queen jusqu’au bout des ongles. et je deviens le donneur de leçon. forcément.

et puis, il y a ce gars, qui défendait Dustan, un séropo barebacker honteuse qui vient d’être plombé au VHC. retour de manivelle dans la gueule! wellcome Interferon!!

et encore ces mecs qui, à l’heure de l’happy hour, encore sobres, ne se parlent pas trop, n’osent pas aller vers l’autre. et qui 7 heures plus tard, remplis de bières, à moitié défoncés, se jettent sur la première bite venue dans l’obscurité d’une backroom sale avant de rentrer chez eux, seuls.

ben ouais, je flippe les gars. je continue de flipper. moi, qui, quand je dis à un copain à Act Up que j’ai couché avec un séropo et qu’on a pas mal échangé nos salives, me rit au nez, gentiment.
pourtant, j’ai les infos. mais l’angoisse est là. toujours présente. parce que normalement, il n’y a pas de risque. c’est le normalement qui me fait peur. ce “normalement” qui, en négatif, induit l’exception à la règle. je ne veux pas être cet exception. 20 ans d’angoisses, c’est long.

la morue barbue

28/06/2009

Des panthères, mais pour quoi faire?

Une panthère ça a du mordant, elle agrippe sa proie et ne la lâche pas.
Une panthère quand ça griffe, ça fait mal.
Une panthère, quand elle est à l’arrêt, observe d’un œil perçant et au moment opportun, attaque.

A Paris, nous avons aussi nos Panthères. Roses. Un groupe politique et identitaire trans-pédés-gouines (TPG) qui a fait son apparition suite aux présidentielles de 2002 gagnées par une droite à la campagne ultra-sécuritaire. Fin 2002, donc, ne trouvant pas « de réponse à la mesure [des] attaques parmi le mouvement LGBT », elles passent à l’action. S’ensuit une série d’apparitions publiques, de tractages, de réflexions censées bousculer les catégories de genre et répondre aux insultes homo-lesbo-transphobes.

Sur le papier, le postulat de départ est alléchant :
- analyser les systèmes politiques à l’origine des oppressions,
- résister à ces différentes formes d’oppression,
- abolir l’hétéro-patriarcat,
- re-questionner la notion d’hétérosexualité par un prisme politique et social,
- désinvisibilser les gouines,
- construire une convergence des luttes gouines, pédés et féministes,
- refuser l’assignation à la féminité et à la virilité dans leurs assertions classiques,
- revendiquer l’égalité des droits notamment pour l’accès au mariage tout en souhaitant abolir cette institution,
- réaffirmer que le féminisme est une démarche politique d’émancipation,
- favoriser l’auto-organisation des prostituées,
- combattre la hiérarchie entre les sexes,

Pour résumer, comme le disent les Panthères Roses : c’est organiser les luttes « avec toutes celles qui [le] veulent contre les effets de la domination masculine, sans exclure, dans le débat et la diversité des références culturelles, historiques, politiques, quotidiennes ».
Sur le papier, donc, c’est alléchant, mais dans la pratique, c’est une autre histoire…

Au-delà du réel désir de changer la société telle qu’elle nous est imposée et de faire bouger les frontières des genres, de renverser les assignations, ce groupe d’activistes manque d’un soupçon de regard analytique sur la réalité politique et sociale. En clair, de stratégie politique et de force de lobby, d'incarnation politique. Il reste, malheureusement, un arrière-goût uniquement idéologique et sans matière palpable.

Il me revient en tête la dernière action des Panthères Roses. C’était le 27 juin 2009, à la pride parisienne. Les Panthères bloquent le char de Gay Lib (jeune association, excroissance homosexuelle à dominante masculine de l’UMP, caution LGBT de Sarkozy).
Et je me questionne encore sur cette action, à part sans doute pour son intérêt symbolique et la visibilité pour le combat des Panthères durant la pride, et encore…
Gay Lib a ainsi beau jeu de vilipender ce « petit groupe d’anarchistes anti-démocratiques », comme dirait un membre de Gay Lib rencontré sur Facebook. Une réponse un rien convenu du berger à la bergère. Fin du débat et d’une polémique caricaturale.

Mon rêve de « Panthères Roses »

Ce serait un groupe de folles hystériques, de gouines trash, de pédés lyriques, de FTM encore fragiles, de MTF couillus, de bisexuels qui clament haut et fort leur double préférence sexuelle, de séropos pro-capotes and so on… Et surtout, surtout, un groupe politique qui connaît vraiment ses ennemis et ses amis. La tentative des Panthères de zapper Didier Lestrade pour une prétendue transphobie lestradienne intrinsèque, lors de la sortie de son livre Cheikh à la librairie des Mots à la bouche me reste encore en travers de la gorge. Voilà comment une certaine idée de la correction politique bloque des débats communautaires passionnants.

Donc, pour en revenir à nos panthères, ce serait un think tank trans-pédés-gouines. Un "groupe d'experts" ou un "groupe de réflexion" qui viserait à faire des propositions de politiques publiques. Un groupe de lobby, comme il en existe déjà au niveau européen.
Car, pour le coup, la radicalité des Panthères Roses fait du bien. Il ne lui manque qu’à être le maillon pro-actif qui manque encore entre les réalités individuelles et communautaires TPG et les politiques publiques.

Tant qu’à utiliser ses dents, autant s’agripper à nos réels ennemis, c’est-à-dire les institutions qui prétendent gérer nos vies.
Plutôt que d’égratigner, autant appuyer d’une patte aux griffes rentrées là où ça fait vraiment mal, c’est-à-dire sur les fragilités des pédés et gouines honteuses et remettre au goût du jour les menaces d’outing. Auront-elles ce courage-là, nos panthères radicales?
Plutôt que surgir sur ses proies à n’importe quelle occasion, autant se poser et mémoriser la topologie du paysage homo-lesbo-transphobe, pour encore mieux attaquer.

La morue barbue.


Quelques lignes de réflexions, qui ne manquent pas, pour les Panthères Roses intéressées :

- demander l’autonomie pour les jeunes trans-pédés-gouines subissant les pressions familiales ou de leur entourage proche.
- exiger des pouvoirs publics de réels soutiens pour de vrais lieux communautaires sans chantage mercantile,
- questionner l’identité jeuniste de la communauté,
- exiger la mixité dans les lieux communautaires,
- ouvrir les débats plutôt que de les fermer au nom de principes idéologiques,
- ouvrir le débat sur les dépendances à toutes les formes de produits psycho-actifs (alcool, drogues, médicaments, etc) et les éventuels effets sur les prises de risques sexuels ou psychologiques,
- exiger la mise en place d'une réelle entité qui mettrait à disposition les documents de toute notre histoire communautaire aux chercheurs, toutes disciplines confondues,
de tous horizons. Car ce qui fait aujourd'hui défaut dans notre communauté, c'est l'analyse de toutes les données sociologiques, historiques, politiques, économiques, anthropologiques, culturelles des différents mouvements et courants nées au sein de celle-ci.
- prendre le temps de questionner, de bousculer, les aînés militants qui, par moments, ont une tendance un peu facile à se poser en gardien d'une certaine mémoire militante, devenu mythique aux yeux de certains d'entre nous,
- proposer des alternatives à la consommation effrénée et pourquoi pas faire souffler sur la communauté un vent d'objection de croissance,
- etc...


Le site des Panthères pour vous faire une idée par vous-mêmes: http://www.pantheresroses.org/


20/06/2009

20 ans de lutte, Act Up-Paris s'affiche

Expo : 20 ans de lutte, Act Up-Paris s'affiche

A l’occasion de la Marche des Fiertés LGBT, Act Up-Paris expose 20 ans d’affiches et de visuels mobilisés contre le sida.

20 ans après la première apparition d’Act Up-Paris à la GayPride le 26 juin 1989, l’association s’affiche à travers une exposition évolutive et itinérante. Première escale aux Souffleurs, du 18 juin au 2 juillet.

Présente dans ce bar mixte et convivial du Marais, l’exposition s’enrichira petit à petit de visuels de la Marche des Fiertés 2009 et d’autres supports multimédias, avant de s’installer dans un nouveau lieu au cours de l’été.

Les Souffleurs 7, rue de la Verrerie 75004 Paris M° Hôtel de Ville

15/05/2009

Affaire Vanneste : Act Up-Paris porte plainte auprès de la Cour européenne des droits de l’homme

Affaire Vanneste : Act Up-Paris porte plainte auprès de la Cour européenne des droits de l'homme
(13 mai 2009, source : www.actupparis.org)

Le 12 novembre 2008, la Cour de cassation annulait la condamnation de Christian Vanneste pour injures homophobes. Dans un Attendu pour le moins lapidaire, la Cour de cassation expliquait qu’ affirmer « l’homosexualité est inférieure à l’hétérosexualité » ou « elle est dangereuse pour la survie de l’humanité » relevait de la liberté d’expression.

C’est un précédent à même de conduire à une jurisprudence pour le moins embarrassante, qui autoriserait ainsi à dire que « les NoirEs sont inférieurs aux BlancHEs » ou que « les JuifVEs sont une menace pour la survie de l’humanité », etc. C’est aussi la démonstration que les magistratEs de la plus haute juridiction française, qui rendent leur décision au nom du « peuple français », sont encore incapables de voir les dégâts des injures homophobes sur notre vie quotidienne.

Pour toutes ces raisons, nous avons décidé de porter plainte contre la France auprès de la Cour européenne des droits de l’homme, car du fait de l’arrêt de la Cour de cassation, la France expose les homos à des traitements inhumains et dégradants.

C’est aussi l’occasion d’interpeller publiquement les juges de la Cour de cassation sur leurs responsabilités face à l’augmentation des agressions homophobes. La lutte contre le racisme et l’antisémitisme a montré à quel point une tolérance de la société envers les insultes ouvrait la voie aux violences physiques. Lorsque ces magistrats tolèrent dans le débat public des propos comme « l’homosexualité est une menace pour la survie de l’humanité », il ne faut pas s’étonner que des personnes - dans une société où la prévention de l’homophobie est de surcroît quasi inexistante - prennent cette expression au pied de la lettre et passent à l’acte.

15/03/2009

Les encres de François Henri Galland au Duplex

François Henri Galland est un jeune homme à la barbe broussailleuse, pas vraiment taillée. Il a le regard doux, le sourire timide et sur les bras une jolie forêt de poils fournis, hérissés, désordonnés.

Au Duplex, sur deux pans de murs se faisant face, il a disposé des portraits, une majorité d’hommes. Dans un joli foutoir à la composition aléatoire les visages dessinés à l’encre se répondent , ballotant notre regard d’un mur à l’autre.

FHG est un voyeur, casanier. Son « mode opératoire » consiste à naviguer sur internet, sur des sites de drague pédé notamment, et à voler l’image de ces hommes qui se donnent à voir, qui s’exposent. Plus besoin d’écarter les rideaux de la maison pour du regard violer l’intimité du voisin : internet s’en charge.

FHG est un scribe. Il calligraphie de la pointe de ses bâtons en bambous les visages de ces hommes virtuels. Il réécrit leur histoire, trace des zones d’ombres épaisses, laisse le bois du roseau composer des lignes plus légères, plus fines, plus humaines.
Certains visages ne sont que quelques lignes, quelques signes qui s’organisent dans le silence du papier blanc. D’autres sont saturés d’encre à l’extrême. Le papier gonflé de noir de chine est blessé par les coups violents et obliques des pointes de bambou.
Sur quelques portraits, FHG a déposé, timidement, comme pour ne pas gêner, quelques traces d’un rouge profond. D’un rouge sang, qui ramènerait quelques-uns de ses hommes à la vie.

Dans nos sociétés où les corps se surexposent, les yeux , ceux des hommes réécrits par François Henri Galland nous fixent de leurs regards noirs et profonds. Ils nous invitent à écrire une histoire avec eux. Une histoire, oui. Parfois dure, mais néanmoins belle. Une histoire charnelle, passionnée et douce. Non pas des histoires virtuelles chargées d’avenirs sans lendemain.

les oeuvres de françois henri galland son visibles sur http://francoishgalland.canalblog.com/

06/03/2009

une éducation libertine de jean-baptiste del amo


1760. Gaspard, un jeune homme quitte Quimper, son père tyrannique, sa mère folle et la porcherie familiale pour Paris.
il déambule dans cette ville sale, nauséabonde, suintante à la recherche d’un destin. un avenir flou qu’il cherche dans les artères de la ville lumière où il croise des hommes, des femmes, la misère composée d’âmes perdues, et confronte son corps à la violence des corps purulents, infectés. des liaisons qui tuent d’avance tout sentiment d’affection, tout attachement humain. Gaspard finit par faire corps avec cette ville fangeuse, en décomposition, étale.
la Seine, veine coupant la société parisienne en deux, n’aura de cesse d’imposer sa présence obsédante à Gaspard. il y plonge pour y travailler, il s’y reflète pour mieux voir la cruauté de sa déchéance et, ne supportant plus la stagnation qui le fait pourrir, il finit par traverser ce fleuve maudit dans l’espoir de donner plus d’éclat à son existence.

le fleuve parisien, métaphore centrale de l’ouvrage, devient le décor des projections chimériques du jeune homme. Gaspard devenu giton se métamorphose à chaque nouvelle rencontre, passant d’une réalité à une autre comme on passe d’une rive à l’autre. la fuite en avant qui semble être la seule issue le plonge dans un tourbillon de sensations, de sentiments abyssaux.
les gueux comme les aristocrates sont victimes de leurs désirs sexuels. loin du libertinage dix-huitièmiste et de la critique aristocratique d’un Choderlos de Laclos, le sexe abolit ici une forme de lutte des classes.

tous immoraux, tous égaux ?

les échos de cette éducation libertine sur les sexualités d’aujourd’hui jettent un éclairage pessimiste. la narration de ses affres, le cheminement psychologique et social de Gaspard évoquent la recherche et la perte identitaires dans une ville anonyme. sans âme, sans sentiments, les corps se donnent, se vendent, se négocient. ils s’étalent, s’offrent dans la toile des rues de Paris comme sur celle d’internet où s’étalent actuellement les nôtres, impudiques, immatériels. des corps exposés offerts en pâture, des âmes trop souvent asservies par un désir nihiliste de la chair.

Jean-Baptiste Del Amo évoque avec une écriture dense, brute, sensorielle, suskindienne, la matière sensible et fragile de nos corps, potentiellement lieux de souffrance. Ainsi, dans cette éducation libertine les corps sont martyrisés, meurtris, malades.

cet hommage au libertinage, à celui de Sade notamment, me fait alors écrire que ce n’est pas de ce type de rapports humains auquel j'aspire. trop sombres, trop chargés de souffrances, de meurtrissures que l’on s’impose, que l’on nous suggère depuis deux millénaires. à l’image du corps martyrisé d’un christ offrant ses plaies en modèle, qui meurt puis ressuscite en corps immatériel, en corps désincarné.

et pour aller dans le sens d'une proposition de Michel Onfray, à ce nihilisme de la chair, à ce type d’éducation libertine, je préfère de loin l’alternative de la « construction d’une érotique solaire », le souci d’un plaisir qui prend en compte le désir, le bien de l’autre et le sien propre.

Une éducation libertine de jean Baptiste Del Amo – Gallimard – 437p.


Proposition de lecture : Le souci des plaisirs, construction d’une érotique solaire de Michel Onfray – Flammarion – 191p, avec illustrations.