28/06/2009

Des panthères, mais pour quoi faire?

Une panthère ça a du mordant, elle agrippe sa proie et ne la lâche pas.
Une panthère quand ça griffe, ça fait mal.
Une panthère, quand elle est à l’arrêt, observe d’un œil perçant et au moment opportun, attaque.

A Paris, nous avons aussi nos Panthères. Roses. Un groupe politique et identitaire trans-pédés-gouines (TPG) qui a fait son apparition suite aux présidentielles de 2002 gagnées par une droite à la campagne ultra-sécuritaire. Fin 2002, donc, ne trouvant pas « de réponse à la mesure [des] attaques parmi le mouvement LGBT », elles passent à l’action. S’ensuit une série d’apparitions publiques, de tractages, de réflexions censées bousculer les catégories de genre et répondre aux insultes homo-lesbo-transphobes.

Sur le papier, le postulat de départ est alléchant :
- analyser les systèmes politiques à l’origine des oppressions,
- résister à ces différentes formes d’oppression,
- abolir l’hétéro-patriarcat,
- re-questionner la notion d’hétérosexualité par un prisme politique et social,
- désinvisibilser les gouines,
- construire une convergence des luttes gouines, pédés et féministes,
- refuser l’assignation à la féminité et à la virilité dans leurs assertions classiques,
- revendiquer l’égalité des droits notamment pour l’accès au mariage tout en souhaitant abolir cette institution,
- réaffirmer que le féminisme est une démarche politique d’émancipation,
- favoriser l’auto-organisation des prostituées,
- combattre la hiérarchie entre les sexes,

Pour résumer, comme le disent les Panthères Roses : c’est organiser les luttes « avec toutes celles qui [le] veulent contre les effets de la domination masculine, sans exclure, dans le débat et la diversité des références culturelles, historiques, politiques, quotidiennes ».
Sur le papier, donc, c’est alléchant, mais dans la pratique, c’est une autre histoire…

Au-delà du réel désir de changer la société telle qu’elle nous est imposée et de faire bouger les frontières des genres, de renverser les assignations, ce groupe d’activistes manque d’un soupçon de regard analytique sur la réalité politique et sociale. En clair, de stratégie politique et de force de lobby, d'incarnation politique. Il reste, malheureusement, un arrière-goût uniquement idéologique et sans matière palpable.

Il me revient en tête la dernière action des Panthères Roses. C’était le 27 juin 2009, à la pride parisienne. Les Panthères bloquent le char de Gay Lib (jeune association, excroissance homosexuelle à dominante masculine de l’UMP, caution LGBT de Sarkozy).
Et je me questionne encore sur cette action, à part sans doute pour son intérêt symbolique et la visibilité pour le combat des Panthères durant la pride, et encore…
Gay Lib a ainsi beau jeu de vilipender ce « petit groupe d’anarchistes anti-démocratiques », comme dirait un membre de Gay Lib rencontré sur Facebook. Une réponse un rien convenu du berger à la bergère. Fin du débat et d’une polémique caricaturale.

Mon rêve de « Panthères Roses »

Ce serait un groupe de folles hystériques, de gouines trash, de pédés lyriques, de FTM encore fragiles, de MTF couillus, de bisexuels qui clament haut et fort leur double préférence sexuelle, de séropos pro-capotes and so on… Et surtout, surtout, un groupe politique qui connaît vraiment ses ennemis et ses amis. La tentative des Panthères de zapper Didier Lestrade pour une prétendue transphobie lestradienne intrinsèque, lors de la sortie de son livre Cheikh à la librairie des Mots à la bouche me reste encore en travers de la gorge. Voilà comment une certaine idée de la correction politique bloque des débats communautaires passionnants.

Donc, pour en revenir à nos panthères, ce serait un think tank trans-pédés-gouines. Un "groupe d'experts" ou un "groupe de réflexion" qui viserait à faire des propositions de politiques publiques. Un groupe de lobby, comme il en existe déjà au niveau européen.
Car, pour le coup, la radicalité des Panthères Roses fait du bien. Il ne lui manque qu’à être le maillon pro-actif qui manque encore entre les réalités individuelles et communautaires TPG et les politiques publiques.

Tant qu’à utiliser ses dents, autant s’agripper à nos réels ennemis, c’est-à-dire les institutions qui prétendent gérer nos vies.
Plutôt que d’égratigner, autant appuyer d’une patte aux griffes rentrées là où ça fait vraiment mal, c’est-à-dire sur les fragilités des pédés et gouines honteuses et remettre au goût du jour les menaces d’outing. Auront-elles ce courage-là, nos panthères radicales?
Plutôt que surgir sur ses proies à n’importe quelle occasion, autant se poser et mémoriser la topologie du paysage homo-lesbo-transphobe, pour encore mieux attaquer.

La morue barbue.


Quelques lignes de réflexions, qui ne manquent pas, pour les Panthères Roses intéressées :

- demander l’autonomie pour les jeunes trans-pédés-gouines subissant les pressions familiales ou de leur entourage proche.
- exiger des pouvoirs publics de réels soutiens pour de vrais lieux communautaires sans chantage mercantile,
- questionner l’identité jeuniste de la communauté,
- exiger la mixité dans les lieux communautaires,
- ouvrir les débats plutôt que de les fermer au nom de principes idéologiques,
- ouvrir le débat sur les dépendances à toutes les formes de produits psycho-actifs (alcool, drogues, médicaments, etc) et les éventuels effets sur les prises de risques sexuels ou psychologiques,
- exiger la mise en place d'une réelle entité qui mettrait à disposition les documents de toute notre histoire communautaire aux chercheurs, toutes disciplines confondues,
de tous horizons. Car ce qui fait aujourd'hui défaut dans notre communauté, c'est l'analyse de toutes les données sociologiques, historiques, politiques, économiques, anthropologiques, culturelles des différents mouvements et courants nées au sein de celle-ci.
- prendre le temps de questionner, de bousculer, les aînés militants qui, par moments, ont une tendance un peu facile à se poser en gardien d'une certaine mémoire militante, devenu mythique aux yeux de certains d'entre nous,
- proposer des alternatives à la consommation effrénée et pourquoi pas faire souffler sur la communauté un vent d'objection de croissance,
- etc...


Le site des Panthères pour vous faire une idée par vous-mêmes: http://www.pantheresroses.org/


20/06/2009

20 ans de lutte, Act Up-Paris s'affiche

Expo : 20 ans de lutte, Act Up-Paris s'affiche

A l’occasion de la Marche des Fiertés LGBT, Act Up-Paris expose 20 ans d’affiches et de visuels mobilisés contre le sida.

20 ans après la première apparition d’Act Up-Paris à la GayPride le 26 juin 1989, l’association s’affiche à travers une exposition évolutive et itinérante. Première escale aux Souffleurs, du 18 juin au 2 juillet.

Présente dans ce bar mixte et convivial du Marais, l’exposition s’enrichira petit à petit de visuels de la Marche des Fiertés 2009 et d’autres supports multimédias, avant de s’installer dans un nouveau lieu au cours de l’été.

Les Souffleurs 7, rue de la Verrerie 75004 Paris M° Hôtel de Ville