27/05/2017

Lettre à mon camarade Georges


Georges, 


Je réponds à ton interpellation : "Camarade! Si tu m'autorises à t'appeler comme ça. Cesse d'être anti-union! Ça commence à me courir sur le haricot. L'union et le rassemblement est et sera toujours un combat. Tu sais bien qu'il y a eu débat, au sein de PCF, pour le soutien à la candidature de Jean Luc Mélenchon et c'est normal. Même si cela te défrise (lol). Nous sommes une organisation démocratique. Et surtout, ne minimise pas la démarche d'union qui est la mienne".

Oui, camarade, ça me va. Nous avons des combats communs et j'en suis heureux. Néanmoins, la chose que tu ne veux peut-être pas admettre, c'est que je ne suis pas anti-union. Je considère que les forces de gauche doivent s'unir. Mais pas à n'importe quel prix et pas avec n'importe qui. A savoir, et tout particulièrement, le PS. 


Si j'ai un reproche à faire au PC, c'est bien la question des alliances, notamment locales, avec le PS, qui depuis des années semblent être la stratégie électorale principale du PC. Comme EELV, au passage, qui subit le même type de crise que le PC. 


Mélenchon en quittant le PS a proposé autre chose. Ca s'est concrétisé par le FDG en 2012. C'est bien de l'union, non? Depuis, le même JLM a proposé la FI. Avec le PC, Ensemble et le PG. C'est bien de l'union, non ? Pourquoi venir me dire à moi, qui n'aie aucune carte dans aucun parti, à l'occasion des législatives que je jouerais la désunion?

Ce que je vois, moi qui suis éloigné des logiques de partis et qui cherche à les comprendre, c'est que le PC (avec quelques difficultés quand même) a rejoint Mélenchon pour les présidentielles. Qu'une partie des communistes continue de miser sur la dynamique du programme de le France Insoumise. Est-ce que je suis responsable des divergences de choix des camarades du PC? Ce serait me donner beaucoup de pouvoir. 


Je crois, comme l'analyse bien mon ami Abdelkrim, qu’il existe une crise de leadership au sein du PCF. Et, je rajouterais une crise d'identité politique plus profonde. Qui a à voir avec de nombreux sujets importants.


Le non-cumul de mandats. 

Pendant longtemps les élus PC ont été à la fois députés et maires. Ce qui dans la logique de Vème République fait sens. Or, ce que propose l'Avenir en commun de la France Insoumise, c'est une autre organisation des institutions, avec une autre vision de la représentation politique. Je peux comprendre qu'il est difficile d'opérer ce changement, qui fait partie de la "tradition" politique électorale du PCF. Tout comme cette tradition a fait partie de la logique du PS. Aujourd'hui, les pratiques de représentations et de maillage électoral des pouvoirs changent. La loi va bientôt imposer le non-cumul des mandats et c'est une bonne chose. 


Nucléaire et industrialisation.

FI propose, face à désindustrialisation française et la perte des emplois qui malheureusement l'accompagne, une ré-industrialisation qui prépare l'avenir. L'avenir de tous. La question de la planète et de ses ressources. Oui, il est possible, et c'est un vrai défi, de créer et maintenir des emplois en arrêtant la politique du nucléaire en France et en développant l’industrie des énergies vertes, en appliquant la règle verte. Ne pas pas prendre à la planète plus qu'elle ne peut donner.
La France Insoumise et Mélenchon ont montré que la question des classes sociales étaient on ne peut plus centrale dans sa philosophie et dans son programme. Mais que cette question doit s'accompagner des évolutions qui nous sont imposées à tous. A savoir, par exemple, la question de la transition écologique qui a été centrale dans la campagne de FI. Or, au moment où le nouveau président néo-libéral, marchéiste, de la République Française nomme comme premier ministre, Edouard Philippe, un homme politique de droite, ancien cadre d'Areva, peu sensible à la question écologique, je me pose la question de savoir si le PC a intégré, vu son positionnement flou sur le nucléaire, cette question-là. Je crois pouvoir poser cette question légitime, en toute amitié.


Elections locales ou nationales ? 

Nous ne pouvons pas nier que nous sommes dans le contexte des législatives qui sont un scrutin hybride. Une élection à caractère nationale, avec une inscription électorale locale. La difficulté des législatives est de trouver le point d'équilibre entre le local et le national. 

Alors non, définitivement non, Georges. L'idée n'est pas de minimiser ta démarche d'union. Au contraire, sans l'union nous ne sommes rien et l'avenir tout proche est un enjeu majeur. Concernant Bagnolet et Montreuil, je regrette personnellement la municipalisation de cette campagne.
Alexis, en tant que porte-parole de Mélenchon, a eu une couverture médiatique importante. S'il est élu député, il va pouvoir compter sur cette visibilité médiatique pour continuer de défendre des valeurs que nous défendons. Son rôle politique ne sera pas de gérer des questions locales, mais bien de faire des propositions et convaincre du bien fondé d'une programme qui défend des valeurs communes, avec d'autres futurs députés, dont ceux du PC, mais bien des questions nationales qui concernent tous les citoyens.
La voix d'Alexis portera, à mon sens, plus que celle de Gaylord dans un contexte où les prises de positions politiques et les combats doivent avoir un écho maximal et ça passe par une visibilité médiatique. C'est pourquoi, je voterai Alexis Corbière et Corinne Benabdallah et que j'appelle à voter pour eux. 

Cher Camarade, je ne sais pas si ma réponse te conviendra, mais je te prie de croire mon attachement aux valeurs politiques que nous partageons. A l'heure des choix, j'ai fait le mien. 




Amicalement, 

Arlindo.